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mardi 2 janvier 2018

Prague : Ville juive (suite) et Prodaná nevěsta au Narodni Divadlo


Démarrage tardif en ce premier jour de l'année.

Ciel couvert mais un peu de bleu apparaîtra dans la journée. En tout cas, pas de pluie et des températures très clémentes.




Peu de couleurs cette fois. Le travail d'ornementation sculptée n'en est que plus visible.

La synagogue Klaus



Le billet multiple acquis la veille, qui a déjà permis de visiter une bonne partie des sites juifs, reste valable huit jours. Suite donc des pérégrinations avec la dernière synagogue au programme.


Pas de monsieur Klaus. Le nom vient du latin clausus pour indiquer un lieu fermé ou sis dans un enclos.


Quoique plus ancienne, cette synagogue a été rénovée au XIXe siècle ; on a notamment ajouté des stucs délicats dans la voûte.

Comme les autres synagogues, elle abrite une exposition. Celle-ci est consacrée aux fêtes juives et à la vie quotidienne dans le ghetto.



Une œuvre très mal éclairée, j'ai fait cependant le maximum. Voilà un travail représentatif des besognes pour jeunes filles de jadis ; un tableau peint et rebrodé ensuite au petit point. Ici une représentation classique d'Esther devant Assuérus.

Esther, une Juive, épousa le roi perse Assuérus, dont le ministre Haman avait ordonné le massacre des Juifs du royaume. Elle obtint de lui que les Juifs se défendissent quand ils seraient attaqués. Le roi, soucieux de justice, fit pendre le ministre. Il fit également exécuter ses fils, d'ailleurs. Esther est toujours louée comme une femme courageuse et patriote, particulièrement célébrée lors de la fête de Pourim.



 Lors de la fête de Hanukkah, on allume ces chandeliers et lampes à huile, à plusieurs branches et réservoirs (un pour chaque jour de la semaine). Cela rappelle un miracle : après la destruction du temple, il ne restait de l'huile que pour un jour. Mais pendant sept jours, le réservoir se remplit tout seul chaque soir.

Le chandelier à huit branches se nomme hanukkiyah. La première lampe est allumée le premier soir, et ainsi de suite pour le reste de la semaine.


 Tisha be-av commémore la destruction des deux premiers temples de Jérusalem. Cette fête du milieu de l'été est accompagnée de la lecture des Lamentations de Jérémie. Les fidèles s'assoient sur des bancs bas ou par terre en signe de lamentation.


Il s'agit d'un texte ! Le dessin est formé de micro-écriture.


 Rouleau de Torah en parchemin.


 Succot, la fête des tabernacles, est caractérisée par le commandement de passer sept jours dans le tabernacle en question, une construction temporaire couverte de branchages. Cela remémore les quarante années dans le désert du Negev avant d'atteindre la Terre Promise, après la sortie d'Egypte.



 On fabrique des bouquets avec des palmes, des branches de saule, de la myrte, et un etrog, le cédrat en hébreu. L'étui en argent ci-dessus permet de le protéger.


 Comme dans les synagogues de la veille, on voit beaucoup de plaques de Torah en argent qui témoignent de l'habileté des orfèvres.


 La fête de shavuot ou la « fête des semaines » n'est pas définie par une date précise du calendrier mais se place en fonction de la fête des azymes : il faut donc un calendrier spécifique pour compter les jours.

Le lendemain du shabbat, un omer est prélevé sur les prémices de la nouvelle récolte d’orge et ensuite offert au prêtre ; on compte sept semaines à partir de cette offrande. A cette date, deux miches de pain de la nouvelle récolte de blé, à pâte levée, sont apportées à l’autel.




Châle de prière (tallit) et étoffes brodées à l'étoile de David sont parmi les éléments textiles les plus représentés.

Les tefillim, les rouleaux de phylactères, sont aussi traditionnels.


Le shabbat, mot à l'origine du samedi dans les pays de langue romane (sabbaticus dies) demande l'arrêt de tout travail. Pas de pâte levée ce jour-là !

Le shabbat commence le vendredi soir par l'éclairage des bougies.


Manuscrit et objets de Bohème, XIXe siècle.


L'armoire de la Torah est présenté ouverte, ce qui permet de la voir comme lors d'un culte.


La fête de Pessah rappelle l'Exode hors d'Egypte. Mais elle est aussi liée à l'agriculture puisqu'elle célèbre le début de la moisson de l'orge. Cette fête très riche en coutumes diverses comprend une offrande pascale. Elle impose la consommation des matzot, ces aliments non levés.


Moïse séparant les eaux, acte fondateur de l'Exode..




Objets liés au temple de Jérusalem, le cœur  même de la religion juive.




Calendrier juif du XVIIIe siècle avec les intercalations des mois.


Page du Livre des Psaumes, manuscrit sur parchemin.


Couteaux pour la circoncision.


Objets pour la circoncision, particulièrement le petit plateau pour recueillir le prépuce.


Objets relatant la bar-mitzvah, la majorité religieuse pour les garçons de treize ans. Outre ce beau portrait, on voit des sacs pour recueillir les aumônes.


Les filles sont sans doute plus sages et atteignent leur bar-mitsvah, la majorité religieuse, à douze ans.





Ecran pour la circoncision. Je présume que l'opération se faisait en cachette derrière.



Reconstitution d'une pièce principale dans une maison du quartier.


Gravure de Georg Puschner, Les préparatifs de Pessah. 



Boîtes à épices en argent.


Intérieur bourgeois du XIXe siècle dans une maison juive.



Les mezuzahs sont des étuis renfermant des textes sacrés, placés à la porte des pièces dans une maison.


Le mizrah est une plaque indiquant l'est, la direction pour la prière.

Déjeuner à Mlejnice



Juste en face du restaurant de la veille, ce restaurant imite une auberge de campagne avec ses objets agricoles.


Franche cuisine à prix mini. Je teste les brambory, une poêlée de pommes de terre avec lardons, poireaux, oignons et fromage.


Délicieux fondant au chocolat avec une poêlée de cerises, ouah ! J'adore les desserts chauds.


Le bâtiment de cérémonie




Juste à côté de la précédente synagogue, cet édifice à l'allure médiévale jouxte aussi le cimetière.


On y a donc installé une exposition sur les rites funéraires juifs.


Série de peintures anonymes, mais visiblement de la même main, du XVIIIe siècle. On voit que les tombes n'étaient déjà pas en très bon état à l'époque.


Vérification et comparaison par la fenêtre.

La confrérie des fossoyeurs était extrêmement puissante et influente, et jouait un rôle déterminant dans la communauté. Elle disposait aussi de sa propre vaisselle.

Etre élu dans la confrérie représentait l'aboutissement d'une longue attente et de beaucoup de patience. La dernière étape consistait en l'élection proprement dite.


Ce sac était l'urne pour l'élection.


Sur cet énorme verre peint apparaît la confrérie des fossoyeurs. Le Roblot de l'époque.






Plats pour recueillir les aumônes, dont une partie était reversée à la famille.




Exposition sur la normalisation


Le dernier site accessible avec le billet présente une exposition sur la situation des Juifs dans le pays après la guerre, et notamment pendant la période communiste.

Beaucoup de documents imprimés et de photos montrent qu'elle ne s'arrange guère. Accusés de sionisme, les Juifs sont surveillés, réprimés, et les synagogues sont détruites un peu partout.


Ces pavés ont été réalisés avec des pierres tombales du cimetière juif.


Photos prises lors du tournage du film Yentl. Beaucoup de Juifs tchèques y prirent part et les jeunes y découvrirent une partie de leur histoire.


Caricature russe. Dans la même veine que les équivalentes nazies.


Soldats, rentrez à la maison (en russe). Nous sommes une nation libre (en tchèque).


Petite balade dans la ville, toujours aussi attractive, en se dirigeant vers le Narodni divadlo pour la représentation du soir. Enfin, de 17:00 !




Le soleil trace une bande dorée sur un palais de Staromětska.





La Fiancée vendue (Prodaná nevěsta) au Narodni Divadlo




Me revoici dans la belle salle du Narodni divadlo. C'est, paraît-il, la tradition ici d'y donner chaque premier de l'an Prodana nevesta, la Fiancée vendue de Smetana.
Ca tombe bien, j'aime beaucoup cette œuvre délicieuse que j'ai vue trop peu souvent à mon goût. Ma dernière représentation était à Berlin, avec la troupe du Staatsoper, mais c'était donné en allemand. Je suis encore plus ravi de le retrouver en tchèque !




La mise en scène de Magdalena Švecová est très traditionnelle, avec une direction d'acteur minimale, mais le sobre décor n'envahit pas l'espace. L'ensemble est joyeux, avec scènes de danse aussi réussies que le numéro de cirque du dernier acte.

C’est à nouveau, après la récente Jenufa, Jaroslav Kyzlink qui dirige. Même talent pour une direction précise, très équilibrée, pétillante. Un chef brillant que j'aurais découvert ici !

La distribution puise dans les forces locales, pas de problème d'accent étranger.    
L’Indien de  Lukáš Bařák, l’Esmeralda de Petra Nôtová, le Principal de Jan Markvart côtoient Yvona Škvárová, Háta, et František Zahradníček, Mícha, tandis que Stanislava Jirků chante Ludmila. Tous sont très idiomatiques.

Le Krušina de Roman Janál est un peu plus en méforme aujourd'hui.

Josef Moravec, l'Orphée d'il y a quelques jours, interprète un parfait Vašek, le jeune idiot qui endossera les habits de l'ours.


Jiří Sulženko, récemment vu à Paris dans Z Mrtve Ho Domu(De la Maison des Morts), chante Kecal avec un incroyable naturel. Belle voix de basse un peu fermée au début, qui s'épanouit tout au long de la représentation.

Pavel Černoch, mon dernier Lenski d'Oniegin,  devait interpréter Jeník ; il a déclaré forfait et on a prévenu en fin de matinée Peter Berger, le récent Laca. Je l'avais préféré dans ce rôle-là mais bravo à cet interprète vaillant qui ne se ménage guère et campe avec élégance cet amoureux rusé.

Petra Alvarez Šimková chante Mařenka sous antibiotiques mais, si ses notes basses lui posent quelques problèmes en début de représentation, elle est séduisante de naturel et d'émotion. Les aigus sont bien assurés et elle ne sacrifie à aucun moment la ligne de chant.

Une sacrée performance pour les deux artistes !




Petra Šimková

Peter Berger, Petra Šimková

avec Petra Šimková et Jiří Sulženko

4 commentaires:

  1. Full of informations. My grand-mother was a Jew but I know nothing about those festivals. Thank you !
    It is a GREAT post.
    Annie

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    1. It is still a pleasure to read your reviews ! Thank you very much, Annie !

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  2. Très intéressant article sur les sites juifs de Prague .
    György

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  3. Merci beaucoup György pour cet aimable commentaire !

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