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jeudi 1 mars 2018

New York City : Semiramide (Semiramis), Metropolitan Opera (28 02 2018)




J'adore Semiramide. Sans doute mon Rossini favori avec L'Italiana in Algeri. J'ai monté beaucoup de déplacements autour de représentations de cet opéra, et pouvoir y assister au Met, c'était un plaisir anticipé. En outre, toutes mes dernières représentations (Londres, Marseille, Lyon, Paris) étaient des versions de concert et je me réjouis de le retrouver sur scène.

Verdict ?



Production à l'ancienne


La mise en scène de John Copley est loin d'être une nouvelle production ! Ce Semiramide date de 1990 et les aficionados le connaissent bien, au moins par la captation vidéo. Ce spectacle afficha le gratin rossinien de l'époque : Lella Cuberli et June Anderson, Marilyn Horne, Chris Merritt, Samuel Ramey. C'est certain que cette distribution de super-luxe monopolisait l'intérêt bien plus que la mise en scène, simplement illustrative comme la plupart de celles du Met de l'époque.

Si le décor est assez séduisant, avec ses tons de bleu et or, la direction d'acteurs est inexistante. Les choristes se rangent bien sagement et les chanteurs s'alignent. Maurizio Benini, récemment apprécié dans les Vêpres Siciliennes de Londres, est souffrant et c'est Gareth Morrell qui le remplace. Il veille à la cohésion de l'ensemble et suit les chanteurs autant que faire se peut. La clarté de la ligne semble davantage son souci que la mise en valeur de la polyphonie. La version proposée pratique beaucoup de coupures, dans les reprises, dans les canons du premier acte. C'est vrai que Semiramide est un opéra long mais ce type de coup de ciseaux prive tout de même une œuvre belcantiste de son caractère. C'est bien regrettable.
 
Ildar Abdrazakov et Angela Meade, Assur et Semiramide

Distribution : des découvertes

Les comprimari Kang Wang, Jeremy Galyon, Sarah Shafer assurent et sont bien sonores.
Ryan Speedo Green, que j'ai autant entendu ici qu'à Vienne, chante Oroe avec beaucoup de volume, une voix sombre, et s'avère très efficace.

Après son brillant Tonio au Liceu de Barcelona, Javier Camarena devait se mesurer à Idreno, rôle plus court mais dardé de deux airs redoutables. Victime de la grippe, il est remplacé par Robert McPherson, jadis écouté à Avignon dans La Donna del Lago (aux côtés de Iano Tamar, Ewa Podles et Rockwell Blake) et à Toulon dans L'Italiana in Algeri. Il ne manque pas de qualités : vaillance, solidité des graves (souvent le péché des ténors rossiniens), et une bonne technique. Voix longue qui permet de négocier habilement les longues guirlandes de vocalises. Son registre aigu n'est pas la partie la plus séduisante de sa voix cependant.

Ildar Abdrazakov, Assur

C'est aussi au Liceu de Barcelona que j'avais entendu l'Assur d'Ildar Abdrazakov, aux côtés de Daniela Barcellona et de Juan Diego Florez. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, et je l'ai revu dans beaucoup de rôles périlleux : ici Ivan Khovanski, Prince Igor, Mustafà, mais aussi Moïse à Marseille et Philippe II à Paris. Il simplifie parfois les détails des vocalises (dans le duo avec Semiramide) et les graves sont plutôt légers mais il demeure un somptueux chanteur, avec une véritable présence scénique, et la longue scène Il di già cade lui assure un triomphe mérité.

Elizabeth DeShong, Arsace


Elizabeth DeShong, Arsace

Je n'ai jusque là vu Elizabeth DeShong que dans des rôles de moyenne importance, dans Enchanted Island ici et Midsummer Night's Dream à Aix. La voici donc en Arsace, un des rôles les plus éprouvants du répertoire. C'est un plaisir. Endurante jusqu'au bout, avec une voix bien placée partout, elle varie ses reprises avec intelligence et montre un très appréciable contrôle du souffle.

Angela Meade, Semiramide

Angela Meade m'avait moyennement séduit en Leonora du Trovatore, il y a deux ans. Sa Semiramide, également un rôle terriblement difficile, me convainc davantage. La couleur de son registre suraigu ne m'enchante toujours pas, c'est une affaire de goût personnel. Et je trouve le changement de couleur un peu abrupt.

Mais l'émission est bien plus égale et elle tient sa partie si exigeante jusqu'au bout, avec, elle aussi, beaucoup de recherche dans les variations. Les duos avec Arsace offrent les splendeurs attendues.
J'ai pris également un billet pour la représentation de samedi, ce qui me permettra de faire des comparaisons. Suite au prochain numéro !

 Sarah Shafer
 Ryan Speedo Green
 Robert McPherson
 Ildar Abdrazakov
 Elizabeth DeShong
 Angela Meade
Gareth Morrell
 Ryan Speedo Green
Elizabeth DeShong

 avec Robert McPherson
 avec Angela Meade
avec Ildar Abdrazakov

4 commentaires:

  1. I do not understand everything but it is still very interesting to read reviews from a connoisseur.
    Annie

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  2. Oui vous avez raison Anonymous, ilest très intéressant d'avoir le commentaire d'un connaisseur! J'espère Fred que samedi , ça sera mieux!....

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    Réponses
    1. Merci Régine ! Bon, je me suis régalé quand même !

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